vendredi 11 février 2011
Les enfants exposés aux drogues
Les enfants exposés aux drogues
s’épanouissent au sein de leurs familles d’adoption.
Extrait de Focus on Adoption, Oct./Nov.1999
Résumé de l’intervention du Dr Jill Waterman sur l’adoption des enfants exposés à la drogue lors d'une conférence du Conseil nord-américain sur les enfants adoptables (Pasadena, 28 juillet au 1er août 1999). Le Dr Waterman dirige la section Psychologie clinique de UCLA. Elle est également l’une des instigatrices du projet TIES de Los Angeles. TIES vise à fournir la formation, les moyens d'intervention, l'éducation et des services en vue de permettre l'adoption d’enfants exposés à l'alcool ou à d'autres drogues pendant la période prénatale.
Régulièrement depuis plus de 10 ans, les médias nous abreuvent de mauvaises nouvelles au sujet d’histoires d’enfants de la drogue, selon eux irrémédiablement condamnés à une vie d'errance et de crime. Même la prestigieuse association American Bar parle de " les nouveaux délinquants ". La bonne nouvelle, c’est que tout cela est archi-faux. Même que, capables de relever des défis majeurs, les enfants exposés à la drogue peuvent parfaitement s’épanouir chez des parents adoptifs structurés et stables, avec l’aide d’un support extérieur.
Effets à la naissance :
Changements dans le tonus musculaire;
Manque de stabilité nerveuse: les enfants peuvent être nerveux et difficiles à calmer;
Problèmes d’orientation: difficultés à obtenir le focus visuel;
Taille et poids de naissance inférieurs à la normale.
« Les enfants exposés à la drogue sont loin d’être les monstres incurables décrits par les médias. À bien des égards, il ne différent en rien des enfants issus de milieux semblables, et qui n’auraient pas été exposés aux drogues. »
Beaucoup de ces effets s’estompent avec le temps. Notons cependant que la circonférence de la tête demeure inférieure à la normale chez quelques enfants.
Dans le cadre du projet TIES, environ 50 enfants ont été suivis de l’âge de neuf mois jusqu’à six ans. La plupart d’entre eux étaient âgés de trois à quatre ans au moment du placement dans leur famille d’adoption. Soixante cinq pour cent des enfants avaient connu plusieurs placements antérieurs, 18 % ont été placés 4 ou 5 fois.
Le quotient intellectuel (Q.I.) et le développement cognitif ou moteur des enfants exposés aux drogues est sensiblement le même que ceux des enfants non exposés (à l'exclusion des enfants affectés par l’alcool), si on compare des enfants soumis à des situations semblables sur le plan du statut socioéconomique, de la nutrition, de l'éducation, ou des cas d’abus ou de négligence.
Les enfants d’âge préscolaire et scolaire présentent des problèmes de comportement non négligeables. Beaucoup d’enfants exposés aux drogues montrent des signes d’hyperactivité, et le pourcentage de ceux qui prennent Ritalin (la plupart sans présenter de symptômes de déficit d'attention dû à l’hyperactivité) est plus élevé que dans le reste de la population. Quelques enfants ont un comportement impulsif pouvant affecter l’estime de soi et la scolarité. Ils peuvent éprouver des difficultés d'attention, d’éveil (stimulation facile) et de stabilité affective (colères). Ils peuvent avoir des difficultés à sortir d’une période de mauvaise humeur ou de colère sans l’aide des parents. Il est toutefois difficile de savoir si ces effets sont liés à l'exposition aux drogues durant la grossesse ou à des facteurs associés à la toxicomanie comme la violence familiale, la négligence, la malnutrition ou à des placements multiples. Les parents doivent fournir un encadrement et des directives claires, anticiper les transitions et les changements et apprendre à calmer et apaiser l'enfant.
L'exposition à la drogue en période prénatale est associée à d’autres facteurs à haut risque qui rendent difficiles les conclusions au sujet de l'impact de cette même exposition. Par exemple:
Les mères ont pu manquer de soins pendant la grossesse et procurer une alimentation déficiente à l’enfant durant les années premières de sa vie;
La plupart des toxicomanes absorbent des combinaisons de drogues et abusent parfois de l'alcool;
Les facteurs sociaux, démographiques et psychologiques tels que la pauvreté et le stress de la vie chaotique vécue par les drogués, ainsi que de nombreux déménagements ont pu avoir eu un impact sur l'enfant.
Ces remarques sont basées sur des données préliminaires concernant des enfants avec un cas d’exposition documentée, évalués par le projet TIES au deuxième et douzième mois de leur adoption (une troisième évaluation est prévue pour septembre 1999).
Les chercheurs ont relevé un impact significatif sur la plupart des enfants. Le quotient de développement s’est accru de 10% pour près de la moitié d’entre eux. La plupart des enfants qui étaient dans un environnement stimulant ont accusé une augmentation significative du Q.I.
Les problèmes internes, comme la dépression et le repli sur soi, ont reculé. L'anxiété a diminué de manière significative. Aucun changement des comportements externes, tels que l'agressivité ou le déficit d’attention n’a été remarqué après 2 mois. Cependant, après 12 mois, l'attention et la concentration se sont améliorées pour la plupart des enfants. Ce phénomène s’est développé entre le 2e et le 12e mois, en parallèle avec l’augmentation de l’affection des parents pour l’enfant.
Les enfants exposés à la drogue sont loin d’être les monstres incurables décrits par les médias. À bien des égards, il ne différent en rien des enfants issus de milieux semblables, et qui n’auraient pas été exposés aux drogues. Par ailleurs, rien ne peut laisser envisager le résultat pour quel qu’enfant que ce soit. Certains enfants peuvent obtenir des résultats moyens, expliqués par des placements multiples, l'abus ou la négligence. On peut les aider par différentes interventions et en leur apportant la stabilité. Le programme TIES vise à donner aux parents et aux professeurs la structure, la clarté et le feedback dont ils ont besoin. Malgré tous les obstacles, et grâce à un support approprié, les familles qui adoptent les enfants exposés connaissent succès et bonheur avec leurs enfants.
Référence
Enfants exposés aux drogues ou à l’alcool en période prénatale : Weighing the Risks of Adoption, par Susan Edelstein, un des seuls livres qui aborde le sujet en se concentrant sur les résultats de l'adoption. À la librairie AFABC ou chez les éditions Odin. Prix : 19,95$. Appelez le 1-800-223-6346
Source
Ce texte de Helen Mark a été publié dans l'édition oct./nov.1999 de la revue Focus on Adoption, revue de l'association des familles adoptives de la Colombie-Britannique. Il est disponible en version originale anglaise sous le titre «Drug-Exposed Kids Thrive in Adoptive Homes ».
La traduction a été faite par Maryline Dhellemme.
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