vendredi 10 août 2012

Un juge des enfants vous parle…

Un juge des enfants vous parle…

Antonio FULLEDA , dénonce dans le cadre de ses responsabilités syndicales, la nième future loi qui réforme la justice des mineurs : “c’est comme si on mettait la majorité à 16 ans”.
Et alors!!! lui répondrait l”extrême droite lepéniste . Depuis belle lurette, en effet , celle-ci assimile le jeunesse délinquante à un “fléau” à réprimer au même titre que le trafic de stupéfiants. Le gros baton pour écraser la vermine .Voilà de la politique pénale réaliste et plus on s’y prend tôt mieux c’est , car d’aprés les scientifiques il faudrait combattre un génôme délinquantiel qui donne tout son sens à cette catastrophe sociale qu’est la jeunesse déviante. Exit la responsabilité des adultes !!! “
En définitive on est plus exigeant avec les gosses qu’avec les adultes, prétons l’oreille à ceux qui restent encore et encore dans la protection de la jeunesse, comme le juge FULLEDA interviewé sur son expérience et sa pratique par le journaliste de la Marseillaise Annie MENRAS
AM.« Notre entretien ne porte pas sur le drame de Florensac*(*Une collégienne de 13 ans tuée de deux coups de poing lundi par un adolescent de 14 ans à la sortie du collège.) mais ce dernier ne va-t-il pas dans le sens du gouvernement qui montre du doigt les mineurs ?
AF . L’affaire de Florensac ne colle pas vraiment à celles de gamins multiréitérants, mais les médias ont parfois tendance à exagérer les choses. Par exemple à Narbonne, quand un papy est décédé en raison du ricochet d’une pierre, la presse a fait ses gros titres en employant les mots « lynchage », « lapidation ». Au regard d’un grand nombre d’affaires ainsi exposées on se retrouve face à un sentiment d’insécurité croissant, une sorte de jeu entre l’opinion publique et la presse. Cela n’est pas nouveau pour ce qui concerne la presse qui s’est toujours intéressée aux faits divers. Ce qui est nouveau c’est l’enjeu politique et le discours de disqualification de la parole des professionnels. Quand les deux se rejoignent on n’est pas loin de ce que le syndicat de la magistrature appelle le populisme pénal.
AM .En réalité, la délinquance des mineurs augmente-t-elle ?
AF .Non. Il y a aujourd’hui mille mineurs incarcérés et selon le sociologue Laurent Muchielli le diagnostic qui est présenté de la délinquance des mineurs, n’est ni neutre, ni rationnel, ni fondé. Il ne correspond pas non plus à ce que nous constatons dans nos cabinets de juge des enfants. Dans le mien, les affaires gravissimes se comptent sur les doigts d’une main chaque année. Pour comparer les chiffres, je rappelle qu’une femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups de son compagnon. En outre, ce qui empoisonne le quotidien des gens ce sont les incivilités. En réalité, la délinquance des mineurs est devenue un enjeu pour disqualifier les professionnels.
AM .Rien en tout cas qui justifie une nouvelle loi ?
AF .Cette modification de la loi s’inscrit dans le détricotage de l’ordonnance de 1945 avec la volonté de supprimer les tribunaux pour enfants et la spécificité de la justice des mineurs (nés de cette ordonnance) qui est la primauté de l’action éducative, puis la sanction éducative et ensuite s’il le faut la peine. Cette justice est restée basée sur des principes humanistes. Non, rien ne justifie une nouvelle loi.
AM. Une loi dont vous pensez qu’elle risque d’être retoquée par le conseil constitutionnel ?
AF .Il l’a déjà fait en 2002 puis en mars 2011 à propos des comparutions immédiates des mineurs.
AM La justice des mineurs est-elle laxiste ?Pas du tout, elle peut même avoir la main lourde, mais on lui reproche de ne pas embastiller à tour de bras. Et ça marche. Et parallèlement, la justice est obligée de trouver des alternatives à la prison pour les majeurs condamnés à moins de deux ans de prison.
AM. Quel est le bilan des centres éducatifs fermés ?
AF .Ce sont des cocottes minutes tout comme les centres de détention pour mineurs tel qu’il en existe à Narbonne, Nîmes ou Rodez. Dans certains cas, ça peut marcher, mais ça coûte une fortune (500 euros par jour). Et j’ai l’impression que ce n’est pas ce qu’attendent les professionnels de terrain. Ce dont on a surtout besoin, c’est de familles d’accueil. Or, nous ne sommes pas écoutés, on reste sur une législation à l’émotionnel.
AM .Car ces mineurs avant d’être des délinquants sont souvent eux-mêmes en danger ?
AF .Ces mineurs qui ont commis des actes de délinquance sont souvent des enfants qui ont eu des parcours invraisemblables. Intégrer cette donnée c’est ce qui fait la richesse de la justice des mineurs et que certains voudraient supprimer. Un petit pourcentage va s’orienter vers la délinquance pure et dure. Je suis aussi juge d’application des peines et je sais que certains se retrouvent en raison des peines planchers pour des années et des années en prison, mais pour les autres on fait le pari qu’on va les sauver. Par contre le discours sur la tolérance zéro est un leurre. La répression pour la répression c’est la barbarie, comme la liberté pour la liberté, c’est l’anarchie. Il faut trouver un juste milieu et dans ce cadre la Protection judiciaire de la jeunesse fait un super boulot.
AM. Pourquoi veut-on introduire des juges professionnels à la place des assesseurs qui assistent les juges pour enfant ?
AF .L’idée à faire passer est que les tribunaux pour enfants sont laxistes. Ce qui est paradoxal, c’est que d’un côté on veut introduire des jurés populaires dans les tribunaux correctionnels et que de l’autre dans les tribunaux pour enfants on veut supprimer ces assesseurs très intéressés par la protection de l’enfance qui sont d’anciens policiers, professeurs, instituteurs, travailleurs sociaux… Mais je remarque que le Parquet est plus exigeant avec les gosses qu’avec les adultes. Cette loi, c’est comme si on mettait la majorité à 16 ans. C’est une politique qui méconnaît la réalité des juridictions pour enfants (et que dire de l’opinion publique ?) mais qui a d’autres visées, qui en réalité a un enjeu politique. Et électoralement ça a l’air de marcher.
AM .Vous avez peur pour votre métier ?
AF. Juge des enfants c’est le plus beau métier du monde. Nous avons des résultats, des équipes qui travaillent sur la globalité d’un enfant, d’un adolescent, sans le couper en morceau. Mais je n’ai pas peur. Au regard des lois internationales, ce métier n’est pas prêt de disparaître. “
( Avis aux amateurs et amatrices, FULLEDA a raison , on pourrait étendre : un des plus beaux métiers celui de juge )

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

info Benjamin et de son fils Aureo (sefca puteaux solidaire du papa)

Cédric Fleurigeon http://www.facebook.com/event.php?eid=264268448591 Nous demandons à tous pendant une journée, le samedi 30 janvier 2010 de changer la photo de votre profil par celle de Benjamin et de son fils Aureo Il serait bon de voir fleurir cette photo sur la toile que se soit sur Facebook, MySpace, MSN ainsi que sur tous les méd