« C’est le procès de la misère »
août 14, 2015 par lagazettedeputeaux |
Une Chinoise, récidiviste, comparaît pour avoir volé dans un magasin. Un « service » rendu à un tiers qui devait lui rapporter 20 euros…Par Laurence Neuer
Publié le 14/08/2015 à 06:45 | Le Point.fr
Debout, la tête basse, la jeune Chinoise jugée en comparution immédiate semble terrifiée à l’idée d’être conduite en prison à la sortie de l’audience. Et elle a d’autant plus de raisons de le craindre que c’est la troisième fois qu’elle comparaît pour vol en l’espace de quelques mois. Les policiers l’ont interpellée après avoir repéré un petit « manège » devant différents magasins du 14e arrondissement.
« J’avais besoin d’argent, explique-t-elle d’une voix contrite, au travers de son interprète
– Vous avez déjà été condamnée deux fois pour vol, vous êtes en récidive de récidive, fait observer, soucieux, le président
– Je m’excuse, dit la prévenue en essuyant ses larmes, je ne recommencerai plus… »
Demandeuse d’asile en France, elle indique dormir « dans la voiture de son mari » ou, parfois, chez des « connaissances ». Elle se rend presque chaque jour à l’hôpital pour y suivre un traitement contre l’infertilité. « Comment peut-on envisager de suivre un tel traitement lorsque l’on n’a aucune ressource et qu’on habite dans une voiture ? » s’étonne la procureur. Celle-ci souligne que le couple ne peut même pas faire face à ses besoins de première nécessité. « C’est le procès de la misère », résume-t-elle, tout en déplorant cette « troisième comparution devant le tribunal pour des faits identiques ».
L’avocate tente de s’opposer à cette apparente fatalité. Elle explique que la domiciliation postale de sa cliente à Créteil fonctionne très bien. « Il est indispensable que les demandeurs d’asile relèvent leur courrier administratif et le système est bien rodé », affirme la juriste. La preuve, sa cliente se rend régulièrement aux convocations du Service d’insertion et de probation (SPIP) liées à sa précédente condamnation. « Elle ne perçoit qu’une petite allocation temporaire de demandeur d’asile et elle doit manger. (…) Elle veut avoir des enfants avant qu’il ne soit trop tard… Elle est coincée », plaide l’avocate, avant de s’en remettre à l’indulgence des magistrats. Sa cliente écopera d’un mois ferme et sortira libre du tribunal.
« Je ne recommencerai plus »
La prévenue, accompagnée d’une amie, entrait et sortait de l’un, puis de l’autre, et, après avoir visité le Monoprix du coin, s’est engouffrée dans la voiture qui l’attendait, conduite par un chauffeur asiatique. Les policiers ont compris qu’elle y dissimulait des objets volés. Enfouis sous une pile de vêtements, 14 boîtes de conserve de thon et divers produits cosmétiques venaient d’être dérobés pour une valeur d’environ 250 euros. La jeune femme a expliqué que ce vol lui avait été « commandé » par un « Russe » en contrepartie de 20 euros.« J’avais besoin d’argent, explique-t-elle d’une voix contrite, au travers de son interprète
– Vous avez déjà été condamnée deux fois pour vol, vous êtes en récidive de récidive, fait observer, soucieux, le président
– Je m’excuse, dit la prévenue en essuyant ses larmes, je ne recommencerai plus… »
Demandeuse d’asile en France, elle indique dormir « dans la voiture de son mari » ou, parfois, chez des « connaissances ». Elle se rend presque chaque jour à l’hôpital pour y suivre un traitement contre l’infertilité. « Comment peut-on envisager de suivre un tel traitement lorsque l’on n’a aucune ressource et qu’on habite dans une voiture ? » s’étonne la procureur. Celle-ci souligne que le couple ne peut même pas faire face à ses besoins de première nécessité. « C’est le procès de la misère », résume-t-elle, tout en déplorant cette « troisième comparution devant le tribunal pour des faits identiques ».
Un mois ferme
Sur la peine, la représentante du parquet est perplexe. « Nous ne disposons que d’une domiciliation postale, ce qui rend difficile l’exécution d’une mise à l’épreuve qui implique des convocations régulières et un suivi nécessitant d’avoir une véritable adresse. » Faute d’entrevoir une autre solution, elle demande une peine d’un mois d’emprisonnement ferme assorti d’un maintien en détention.L’avocate tente de s’opposer à cette apparente fatalité. Elle explique que la domiciliation postale de sa cliente à Créteil fonctionne très bien. « Il est indispensable que les demandeurs d’asile relèvent leur courrier administratif et le système est bien rodé », affirme la juriste. La preuve, sa cliente se rend régulièrement aux convocations du Service d’insertion et de probation (SPIP) liées à sa précédente condamnation. « Elle ne perçoit qu’une petite allocation temporaire de demandeur d’asile et elle doit manger. (…) Elle veut avoir des enfants avant qu’il ne soit trop tard… Elle est coincée », plaide l’avocate, avant de s’en remettre à l’indulgence des magistrats. Sa cliente écopera d’un mois ferme et sortira libre du tribunal.
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