L’affaire de mauvais traitement à enfants jugée vendredi à Angers rappelle celle du petit Bastien, tué dans un lave-linge.© Josué Jean Bart
Un homme de 55 ans et son ex de 47 ans comparaissait vendredi à Angers. Pour des sévices cruels sur trois des quatre enfants de la quadragénaire, à Saint-Florent-le-Vieil.
Une main posée sur la barre du tribunal correctionnel d’Angers. L’autre, sur la hanche. Le visage impassible, hermétique aux émotions. Raymonde (1), 47 ans, doit s’expliquer sur les violences subies par trois de ses quatre enfants. Un voyage dans l’horreur.
L’homme absent du procès pour raisons de santé
Entre 2010 et 2012, elle élevait cette fratrie à Saint-Florent-le-Vieil. Avec son concubin de l’époque, 55 ans. Lui aussi est prévenu, mais il n’est pas là. « Ses problèmes cardiaques se sont aggravés », assure son avocate, Me Gwenhaël Vieille. Dommage. On aurait aimé comprendre le mécanisme conduisant aux sévices infantiles.
Coups, douches glacées, étranglement, ligotage
Leur père, ancien mari de Raymonde, dépose deux plaintes, en mars 2010, à la gendarmerie de Montrevault. Les médecins légistes constatent des traces. Ils sont loin d’imaginer leur origine. Suite à une nouvelle plainte de novembre 2012, les frères et sœurs décrivent l’enfer de leur quotidien. Leur beau-père les frappe. Donne des douches glacées. Parfois, il en étrangle un avec le tuyau de douche. Leur mère aide son concubin en les tenant…
Fouettés et laissés sans nourriture
Comme ça ne suffit pas, le couple achète un martinet pour fouetter les petits, âgés de 3 à 9 ans. La liste des brimades prend l’allure d’un inventaire à la Prévert, la poésie en moins. Les enfants sont régulièrement bâillonnés au ruban adhésif, pieds et mains ligotés. Parfois, ils sont privés de repas. « Quand la faim les tenaille, ils vont en cachette chercher des paquets de gâteau, du pâté, des saucisses crues ou des pots de yaourts qu’ils jettent par la fenêtre », retrace Me Laurence Couvreux, avocate du Département.
Un schéma rappelant le drame du petit Bastien
Ils sont menacés d’être découpés en morceau ou d’être placés dans le lave-linge. Une des fillettes est même installée en slip, dans le congélateur. « Quand sa mère la sort, ses lèvres sont toutes violettes », décrit Me Couvreux. On n’est pas loin de l’affaire du petit Bastien, que son père a tué en le mettant dans la machine à laver. « Y a des trucs, c’est pas vrai », murmure la maman, sans ciller. Elle nie notamment l’épisode de la machine à laver. « Un vrai dossier de mauvais traitement », constate sans s’étendre le procureur Philippe Mélia. Il requiert 24 à 30 mois de prison pour le beau-père, 12 à 18 mois pour la mère, l’interdiction des droits civiques, civils et de famille.
« Pas l’intention de faire mal »
« Malgré toute l’horreur de cette affaire, elle n’avait pas l’intention de faire du mal à ses enfants, assure l’avocate de la mère, Me Éléonore Duval. Elle est mal accompagnée et ne sait pas les protéger. Les trois hommes de sa vie avaient le même travers. » « Le beau-père a essayé de remettre les enfants dans le droit chemin, mais il a franchi la ligne jaune », regrette de son côté Me Vieille.
Deux ans et un an et demi de prison
Son client est condamné à deux ans de prison dont six mois avec sursis. Raymonde, à un an et demi de prison dont six mois avec sursis. Deux peines aménageables. Ils sont privés de leurs droits civiques, civils et de famille pour quatre ans.(1) prénom d’emprunt.
Josué JEAN-BART. Ouest-France
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