samedi 14 juin 2014

Après la découverte de 800 squelettes de bébés, Dublin est décidé à faire la lumière sur les pratiques des anciens foyers catholiques pour filles-mères.

Après la découverte de 800 squelettes de bébés, Dublin est décidé à faire la lumière sur les pratiques des anciens foyers catholiques pour filles-mères.

Des 796 enfants morts au couvent de Tuam entre 1925 et 1961, un seul aurait une tombe identifiée.
Des 796 enfants morts au couvent de Tuam entre 1925 et 1961, un seul aurait une tombe identifiée. © PAUL FAITH / AFP




 

Est-ce l’heure des comptes ? L’Irlande, secouée par un nouveau scandale lié aux pratiques de ses institutions catholiques, semble disposée à purger le passé. Il s’agit cette fois du sort infligé, pendant des décennies, aux filles-mères et à leurs bébés. Une historienne irlandaise, Catherine Corless, a allumé la mèche la semaine dernière en laissant entendre que près de 800 de ces enfants, des nouveau-nés en majorité, auraient été enterrés dans une fosse commune du couvent du Bon Secours à Tuam, dans l’ouest du pays. Dans les archives du couvent, qui de 1925 à 1961 a servi de foyer d’accueil, elle a découvert 796 avis de décès : des bébés morts de malnutrition ou de maladies infectieuses, dont un seul semble avoir été enterré dans le cimetière du village.
Or, les habitants de Tuam connaissent depuis longtemps l’existence d’une fosse commune près du couvent. Deux adolescents, Barry Sweeney et Frannie Hopkins, la mettent au jour en 1975 alors qu’ils jouent dans l’ancien jardin de l’institution : ils découvrent des ossements, de tout petits squelettes. À l’époque, le village préfère y voir des victimes de la grande famine de 1840 : des prières sont dites sur le site, la tombe est recouverte. Mais, lorsque Barry apprend qu’une historienne fait des recherches sur les enfants du Bon Secours, raconte le New York Times, il décide de lui livrer son histoire.

"Sous-espèces", "abomination"

Tout reste évidemment à prouver, et Catherine Corless est prudente. Mais l’affaire de Tuam a levé la chape qui continuait de peser sur ce pan de l’histoire irlandaise. Le gouvernement, soutenu par l’archevêque de Dublin Diarmuid Martin, a annoncé mardi la création d’une commission d’enquête, dotée des pleins pouvoirs légaux et chargée d’"examiner toutes les questions relatives aux maisons mères-enfants à travers le pays". Dans l’Irlande des années 1920 aux années 1960, a rappelé le Premier ministre Enda Kenny, les filles tombées enceintes hors mariage étaient considérées avec leurs enfants comme des "sous-espèces". Une "abomination".
L’enquête ne s’arrêtera pas au sort réservé à leurs dépouilles. La commission aura à faire la lumière sur le taux de mortalité infantile des foyers – bien supérieur, selon Catherine Corless, à celui du reste du pays au même moment -, mais aussi, surtout, sur les essais cliniques menés sur les enfants qui y naissaient. La chose est connue, et même reconnue pour partie par les protagonistes de l’époque. Il y a 10 ans, pourtant, la Cour suprême irlandaise avait empêché que le dossier arrive en justice, estimant qu’il n’avait rien à faire dans l’escarcelle de la commission chargée, depuis la fin des années 1990, d’enquêter sur les abus subis par les enfants dans les institutions catholiques.
Les investigations avaient notamment révélé des campagnes d’essais menées, dans les années 1960 et 1970, sous le contrôle d’éminents professeurs de l’université de Dublin. En liaison avec le laboratoire pharmaceutique Wellcome, explique le Irish Time, Patrick Meenan et Irene Hillary cherchaient alors à élaborer une nouvelle version du DTP (vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite). Les tests, poursuit le journal, étaient menés sur des bébés de moins de douze mois, parfois handicapés, et sans accord de leur mère. Interviewée en 1997, Irene Hillary assurait qu’il n’avait été fait aucun mal aux enfants – mieux, qu’ils avaient reçu les injections pour leur bien.

Plus de 2 000 enfants vaccinés secrètement

Combien sont-ils à avoir servi de cobayes ? Plus de 2 000, selon Michael Dwyer, un historien de l’université de Cork. Certains de ces enfants, en outre, auraient été proposés de force à l’adoption. La plus connue d’entre eux est sans doute Mari Steed, née en 1960 dans le foyer de Bessborough et adoptée 18 mois plus tard par un couple d’Américains. À la fin des années 1990, elle se met en quête de ses origines, découvre dans son ancien dossier des traces d’essais cliniques, retrouve enfin sa mère biologique, Josephine. Interviewée en 2004 par la BBC, celle-ci répétait qu’elle n’avait pas son mot à dire sur les traitements subis par son enfant. Avant de tomber enceinte et d’arriver à Bessborough, Josephine a passé dix ans dans les blanchisseries des Magdalene Sisters, ces centres de redressement par le travail, créés au XIXe siècle, où étaient placées des femmes de tous âges considérées comme des criminelles ou des prostituées, et où étaient envoyées également de jeunes filles dont les parents voulaient se défaire. Mari Steed se bat, depuis, pour que justice leur soit rendue, ainsi qu’à leurs bébés.
Peut-être obtiendra-t-elle cette fois gain de cause. En 2003, la présidente de la commission d’enquête sur les abus subis par les enfants, Mary Laffoy, en avait démissionné avec perte et fracas, s’estimant entravée par le gouvernement lui-même. Dublin, aujourd’hui, semble prêt à aller au bout des investigations. Enda Kenny a du reste été le premier, en 2013, à présenter des excuses officielles aux quelque 10 000 "Magdalene Sisters" du pays, réduites à l’état d’esclave par des religieuses catholiques. La dernière des blanchisseries a fermé en 1996.

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Cédric Fleurigeon http://www.facebook.com/event.php?eid=264268448591 Nous demandons à tous pendant une journée, le samedi 30 janvier 2010 de changer la photo de votre profil par celle de Benjamin et de son fils Aureo Il serait bon de voir fleurir cette photo sur la toile que se soit sur Facebook, MySpace, MSN ainsi que sur tous les méd